Le spectacle Spectacle
tout public,1h30
Derrière ce titre énigmatique se cache un huis-clos familial
drôle mais effroyable. Une humanité au bord du précipice.
Un soir, en Scandinavie. Une famille bourgeoise rentre du théâtre.
Un quatuor. Le père, Carl, voit son emploi menacé d’une
OPA. La mère, Gunnel, ancienne comédienne, a renoncé
à sa carrière pour se consacrer à sa famille. Le
fils, Tomas, en proie à des accès de schizophrénie,
navigue entre l’hôpital psychiatrique et la maison. La fille,
Ellen, devenue alcoolique, ne se remet pas de la mort de son enfant de
deux ans, quelques années auparavant. La soirée se poursuit
autour d’un verre, la bienveillance n’est qu’apparente
; l’édifice est lézardé de tous les côtés.
Le clivage des générations et l’échec de la
parole sont au coeur de la pièce. Nous sommes dans une sorte d’anti-comédie,
au titre Ionescien, une « Cantatrice chauve » fataliste, drôle
et désenchantée, capitonnée de psychanalyse.
Un langage brut qui fouille et crache les non-dits, dans la lignée
de Strindberg, O'Neill ou Bergman.
Note d'intention du metteur en scène
"Bobby Fischer vit à Pasadena" a été
un choc, lors de la lecture.
La première chose qui nous frappe, c’est une écriture
au scalpel, sans aucune once de conformisme mais une beauté froide,
glaçante même, typique de ces écritures qui nous viennent
du Nord de l’Europe. Cet univers familial construit en vase clos,
nous intéresse pour ce qu’il raconte en creux sur nos sociétés
propres et lisses qui produisent de la solitude, de l’incompréhension,
dans des intérieurs confortables et hygiéniques. Un auteur
fascinant.
Nous voyons un espace clos, un appartement comme un grand tombeau construit
par des lumières et des ombres, un halo où les personnages
rôdent. La famille comme caveau, comme instance de « vampirisation
» car le théâtre de Lars Norén est aussi un
théâtre de morts-vivants. La présence du berceau-baignoire,
lieu possible du suicide, lieu d’un meurtre symbolique de tous envers
tous et, en même temps, lieu de purification du corps.
Comment impliquer le corps dans la parole et dans l’action, «jouer
avec les tripes» et, en même temps, chercher la plus grande
«froideur et distanciation» ? La machine du texte dans ses
substrats et ses soubresauts fabrique une grande cruauté doublée
d’un humour absurde, ravageur.
Lars Norén nous convie à une cérémonie très
particulière et jubilatoire du théâtre et de la vie.
Le désir de donner corps à ce texte, nous paraît évident.
La richesse de ce théâtre de chambre, nous intrigue. Parler
de la part d’ombre des vies et des êtres, parler de la mort
pour célébrer la vie.
Distribution
Coproduction : Compagnie le Corbeau (74), auteur : Lars Norén,
texte Français : Amélie Berg, mise en scène et scénographie
: Calin Blaga, interprètes : GUNNEL, la mère : Muriel Jarry,
CARL, le père : Gérard Volat, ELLEN, la fille : Anne Rouzier,
TOMAS, le fils : Giuliano Errante, création Lumière : Erik
Joannesse, création ffiche : Noémie Marie, photographies
: Bastien Rouzier.
Avec le soutien de :
L'Adami, Ville de Chambéry, Conseil général de Savoie,
Conseil général de Haute Savoie, Assemblée des Pays
de Savoie, Belvédère des Alpes, Région Rhône-Alpes,
Théâtre(s) en Savoie, Diapason 73.
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